voyage

France, le départ

[…] Aussi long que soit le voyage, il commence par un simple tour de roue.
Me voilà prêt à partir vers la Chine.

La route ensoleillée de cette jeune journée me rappelle à la simple réalité : parvenir à rester sur mes roues et aller au plus loin que la providence m’accordera, toujours plus à l’Est. Vers la Chine [...]

Davaï ! L’aventure n’attend qu’à être vécue !

Italie, d’un port à l’autre

[...] le soir à Venise. Une traversée rapide : les sept cent soixante-dix kilomètres sont couverts en 7 heures 30. La douce vitesse de croisière sur le ruban d’autoroute favorise la rêverie (disons la décontraction…).

Je vois très peu de l’Italie, engoncé entre les rails la traversant. Les panneaux indiquant les régions m’invitent cependant vers les routes secondaires, parcourant de riches campagnes aux domaines enracinés par les siècles, traversant de magnifiques villes légendaires : Florence, Pise, Rome l’éternelle ! [...]

Italie-Venise

[...] Venise, patrie de Marco Polo, l'aventurier commerçant en quête de nouveaux horizons et ville d'arrivée de la Route de la Soie : c'est la route légendaire que je vais parcourir en traversant l'Asie centrale pour rejoindre son marché de départ, Xian en Chine ; c'est le but de ce voyage.

Venise que je retrouve plus belle que dans mon souvenir. Venise la resplendissante par ses monuments. Venise la séductrice qui livre ses trésors de façades colorées se mirant dans des canaux bordés d'étroites ruelles jouant entre ombre et lumière. [...]

Kazakhstan-L’amer goût de l’échec

[...] Piteusement, je traverse à nouveau Zharkent, agréable étape d’hier soir avant ma tentative d’entrée en Chine par Korgas. Le charme est rompu. De la jolie bourgade il ne reste que des trottoirs ensablés et des routes crevassées où errent des chiens jaunes et haineux. Selon le contexte et les sentiments éprouvés, les couleurs du monde changent. C’est plus que jamais vrai.

L’amer goût de l’échec

 Rejeté au poste frontière chinois, je me dirige vers le nord-est. Je vais essayer par une autre frontière et si je ne peux pas, je tenterai par la suivante et la suivante encore, jusqu’à la Mongolie s’il le faut.  [...]
    Le visage lisse et froid du doute s’est installé : vais-je y arriver ? Je m’accroche à ma décision comme un rescapé à sa planche de salut. Ivre, je ne lâche pas le comptoir fuyant. Je m’endors mais ne quitte pas le serpent des yeux...
    Le ciel clair illuminé d’un soleil radieux ne peut me faire oublier les intraitables frontaliers chinois. Bien avant le départ, encore en France, j’avais échafaudé des plans, écrit des scénarios, tissé des canevas, imaginé des situations comme celle d’acheter les douaniers. Ça avait presque fonctionné. Les petites coupures en dollars préparées et ostensiblement visibles, la négociation avec le colonel des douanes semblait sur le point d’aboutir. Mais après une longue conversation téléphonique avec ses supérieurs, son refus désolé avait été sans appel. La foule agglutinée, éberluée par le zouave en moto, n’avait pas facilité la transaction. Et c’est conscient de la situation que l’officier, drapé d’un théâtral air autoritaire, le bras tendu vers l’ouest, m’avait hurlé : « No way, vous devez retournez au Kazakhstan ! » Pas besoin de traduction : ça ne passe pas.
    Je n’ai jamais voulu écrire ce scénario, [...] j’ai passé des frontières sans visa, démonté ma moto en pièces pour la transporter dans la soute d’un avion, passé des fleuves sur des morceaux de bois assemblés par des lianes, négocié dans un rade pourri des jours durant le passage en douane de la moto, alors ce ne sont pas ces satanés chinois qui vont me la faire ! Je ne veux pas payer l’autorisation de circuler. C’est ou je rentre sans ou… L’amer goût de l’échec m’assèche la volonté. Et si les douaniers suivants étaient aussi coriaces ? Et si la vision que j’avais eue au Turkménistan de cette entrée par le Kazakhstan se révélait illusoire ? [...]